Newsletter 1, décembre 2020. Hommage
In Memoriam Olivier Spalla (1963-2020)


Olivier Spalla nous a quittés brutalement le 6 août 2020. Il débute sa carrière de chercheur au CEA en 1987, où il effectue sa thèse sous la direction de Bernard Cabane. Il s’est intéressé à la stabilité de dispersions de particules nanométriques de cérium. En présence de macromolécules de polyacrylamide, il a mis en évidence comment l’agrégation de chapelets gouvernait le diagramme de phases sol-gel. Pour comprendre finement la stabilisation électrostatique, il a commencé par développer un modèle de type MUSIC qui associe l’état de surface de chaque face colloïdale à sa nature cristallographique et identifie les contre-ions adsorbés. Il a enfin construit un modèle de mécanique statistique des liquides décrivant finement le couplage entre réactions chimiques de surface et corrélations électrostatiques qui fait toujours autorité 25 ans après.

A la suite d’un séjour postdoctoral à Canberra en Australie en 1992, il s’intéresse également aux interactions à très courte distance entre surfaces comme celles étudiées par les machines de force ou les microscopes à force atomique. Il prend ensuite la responsabilité du laboratoire de diffusion de rayons X et applique la diffusion des rayons X aux petits angles à des domaines très divers. Ses travaux pionniers sur les mécanismes de nucléation-croissance de nanoparticules en suspension (nanoparticules d’or, d’oxydes et nanomédicaments), sur les mécanismes de l’altération des verres, et sur la métrologie des nanoparticules font aujourd’hui référence dans la communauté.  Son investissement autour des outils de laboratoire et des techniques synchrotron a aidé à populariser les techniques de diffusion auprès de nouvelles communautés avec une participation active en enseignement (École de Bombannes), à l’encadrement de nombreux étudiants et aussi en expertise auprès de l’ESRF comme membre du SAC (Science Advisory Committee ).

Par la suite, après le développement de techniques associées à la métrologie des nanoparticules, Olivier s’est attaché à mieux comprendre leur toxicité. Loin de ses précédents sujets d’étude, il a compris toute l’importance d’une science pluridisciplinaire, alliant physique et écotoxicologie, pour concevoir des nanoparticules plus innovantes mais aussi plus sûres. Ce volet de nanotoxicité a ainsi pris de plus en plus d’ampleur, commençant au départ par l’encadrement d’une thèse sur les cyanobactéries, puis d’un postdoctorat  sur les invertébrés. Lors de ces études, il s’agissait non seulement d’évaluer comment les nanoparticules interagissent avec les organismes mais également de comprendre comment elles pouvaient (ou non) s’y accumuler.

Olivier avait rejoint l’ANR début 2013 comme responsable scientifique puis responsable adjoint du département « Ingénierie, procédés, sécurité ». Il était depuis 2016 responsable du département Sciences physiques, ingénierie, chimie et énergie (SPICE).

Olivier Spalla, était un enfant de la méritocratie républicaine au sens noble du terme, et le revendiquait avec fierté. Très attaché à son Auvergne natale, marié et père de deux enfants, il laissera à tous ses collègues et amis le souvenir d’un homme et d’un scientifique de talent, intègre, curieux, passionné, bienveillant et chaleureux, qui avait un sens aigu du service, qu’il a rendu sans compter à la communauté scientifique. Il nous manquera infiniment.

Les membres du Laboratoire Interdisciplinaire sur l’Organisation Nanométrique et Supramoléculaire (LIONS) & Christian Ligoure (L2C)